Six mois sans travail au centre d’appel de Teleperformance France à Rennes
30 12 2008À Rennes, deux salariés de Téléperformance sont laissés sans travail. Ils ont saisi les prud’hommes.
(Source Ouest-France)
« À la longue, on se sent inutile. C’est usant… », lâche Hanane Cabon. Elle et Marc Gballou sont techniciens-conseils à Téléperformance France, à Rennes. Tous deux étaient chargés de répondre aux clients de Neuf Cegetel qui rencontraient un problème avec leur connexion Internet. Seulement, depuis six mois, plus aucun appel ne leur parvient.
Depuis juillet, ils sont au bureau mais sans avoir le moindre travail à effectuer. « La direction a orienté tous les appels des clients de Neuf Cegetel vers les centres qu’elle possède à Tunis », expliquent les deux techniciens. Ce transfert d’activité de la France vers la Tunisie a eu lieu progressivement. En 2003-2004, une vingtaine de techniciens-conseils travaillaient encore sur le plateau, à Rennes. Aujourd’hui, il en reste quatre dont Hanane et Marc qui sont également délégués syndicaux de Sud et de la CGT. « La plupart de nos collègues sont partis. Plutôt que d’aller travailler dans une autre ville, ils ont démissionné ou ont accepté un licenciement à l’amiable », raconte Hanane.
Ils vont aux prud’hommes
Tous deux ont fait le choix de rester. Jusqu’à cet été, ils recevaient encore le surplus d’appels que ne traitait pas Tunis. Puis plus rien. « C’est une situation d’usure. La direction souhaite qu’on parte de nous-mêmes », commente, sans être dupe, Hanane. Marc en est également convaincu. Le 16 décembre, selon lui, un des membres de la direction générale aurait affirmé : « On ne va pas router des appels techniques pour trois ou quatre salariés à Rennes »
Chaque jour, tous deux se présentent donc au travail, allument leur ordinateur pour attester de leur venue et… patientent. Dans le même bâtiment, mais sur un autre plateau, des télécommerciaux travaillent également pour le compte de Téléperformance. « Certains viennent nous voir et nous demandent ce qu’on fait là… » Seule éclaircie pour les deux salariés : ces journées d’attente sont parfois entrecoupées d’activités liées à leurs mandats syndicaux.
Néanmoins, pour mettre fin à cette situation, les deux techniciens ont engagé une procédure aux prud’hommes dans laquelle ils demandent la résiliation de leur contrat aux torts exclusifs de l’employeur. Il y a quelques jours, à Paris, au siège de Téléperformance, une déléguée syndicale a alerté la direction sur le sort réservé aux deux techniciens rennais : « Nous avons demandé que le PDG s’explique. S’il ne le fait pas, nous saisirons l’inspection du travail ! », assure la déléguée.
Ces derniers jours, nous avons tenté de joindre la direction. En vain. Téléperformance, société spécialisée dans la relation clients, compte près d’une trentaine de centres d’appels en France et emploie 12 000 collaborateurs (équivalents temps plein). À Tunis, elle emploie 4 000 personnes. En 2007, l’entreprise avait obtenu le label de Responsabilité sociale (créé sous l’égide du ministère du Travail) qui distingue les sociétés de relation-client qui ont de « bonnes pratiques sociales». Ce label lui a été retiré à l’automne.
(Source Ouest-France)
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